Par Serge Cohen – Marseille
1/ Chez l’artéritique asymptomatique
on reste conservateur. Pas de traitement interventionnel. L’aspirine n’est pas indiquée voire contre-indiquée du fait d’un risque accru de saignement digestif sauf localisation dans un autre territoire. Il faut proposer des programmes d’exercice physique pour réduire la mortalité cardio-vasculaire et améliorer la qualité de vie. Bien entendu, il faut être drastique sur la correction des facteurs de risque : HBA1C< 7% chez le diabétique, LDL < 0.55 g/l, pression artérielle < 140/90, supports pour arrêt du tabac.
2/ Chez le patient claudicant
Une approche thérapeutique par étapes. Pas de traitement interventionnel chez la grande majorité des patients. Le traitement est quasiment identique à celui du patient asymptomatique : exercice physique et correction des facteurs de risque. La seule différence consiste en l’introduction du traitement anti-agrégant plaquettaire. Les nouvelles recommandations proposent une part encore plus étroite à la revascularisation : risque approprié du patient, échec de la rééducation et du traitement médical, faible risque de complications à long-terme.
Les traitements interventionnels chez les patients avec claudication légère à modérée induisent une amélioration fonctionnelle uniquement à court terme et pas à moyen et long-terme. Et pire encore, des publications récentes font état lors d’un traitement précoce de la claudication, d’un risque accru de réinterventions, de progression de la maladie et d’amputation.
Autres nouveautés, l’athérectomie fémoro-poplitée très fréquemment utilisée aux Etats-Unis, est largement déconseillée chez le claudicant du fait du risque d’aggravation des symptômes de même que les interventions tibiales : pas d’intervention sous-gonale chez le claudicant et même si la claudication est sévère !!
Il est clair que cardiologues interventionnels, radiologues et chirurgiens vasculaires qui se partagent le marché du traitement endovasculaire du claudicant verront leur activité se réduire si les recommandations sont respectées et surtout si l’éducation thérapeutique des patients est bien faite par nous cardiologues.
CardioNews n°19 – Mars 2024
Référence : The New ESVS Practice Guidelines for Intermittent Claudication are Exactly What We Need. Eur J Vasc Endovasc Surg (2024) 67, 6-8
