La minute vasculaire – Histoire naturelle des ectasies (25–29mm) de l’aorte abdominale : revue systématique et métaanalyse

Par Serge Cohen – Marseille

Dans la Multicentre Aneurysm Screening Study (MASS), essai randomisé, le devenir à long-terme du dépistage des anévrysmes chez les hommes entre 65 et 74 ans est bénéfique en terme de réduction de la mortalité (42%), des ruptures (43%) et même de la mortalité globale de 3% sur un suivi de 13 ans. Mais qu’en est-il du stade précurseur de l’anévrysme : l’ectasie aortique (25-29mm) ? Quelle est l’histoire naturelle des dilatations aortiques : prévalence dans la population, croissance annuelle, risque de rupture, décès dus à l’anévrysme et toutes causes de mortalité ? 

Pour répondre à ces questions, les auteurs ont repris 12 études incluant 8369 patients. Les ectasies aortiques (25-29 mm) sont considérées comme des lésions précédant l’apparition des anévrysmes mais toutes ne grossissent pas et ne se rompent pas. La prévalence dans une population masculine entre 65 et 75 ans est de 3,2 % (IC95 = 2,4-4), la croissance annuelle de 0,82 mm sur les 5,9 premières années de suivi. 

A titre de comparaison, la croissance des petits anévrysmes (30-34mm) est de 1,81mm/an, 35-39 mm : 2,66mm/an, 40-44mm : 3,86 mm/an, 45-49mm : 4,96mm/an. Pour les ectasies aortiques, le risque estimé d’un diamètre supérieur à 30 mm et 55mm à 5 ans est respectivement de 45 % et 0,3 %. Au-delà de 5 ans ce risque est évalué à 70,2 % et 5,2 %. Les risques de rupture et de décès liés à l’anévrysme à 5 ans sont faibles : 0,1 % et 0,1 % et au-delà de 0,4 % et 0,2 %. La mortalité globale est de 7,5 % à 5 ans et de 17,3 % au-delà de 5 ans. Trois études n’ont pas montré de différence de mortalité entre les ectasies et les anévrysmes. Le cancer représente 35 % des décès et les maladies cardio-vasculaires 31,9 %. 

En conclusion

On peut dire que les ectasies aortiques n’occasionnent que très peu de décès liés à la dilatation elle-même, mais elles ont une mortalité globale comparable à celle des anévrysmes notamment en terme de cancers et de maladies cardio-vasculaires. 

 CardioNews n°13Novembre 2022

Référence : T. Shirazu and al, Eur J Vasc Endovasc Surg (2022) 64, 15e22

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