La chute : les points-clés pour le cardiologue - Olivier Hanon (Paris)
Chaque année, 2 millions de Français font une chute (20 à 30 % des plus de 65 ans et 50 % des plus de 85 ans). En France, on dénombre ainsi 100 000 hospitalisations et 10 000 décès par an pour chutes (soit plus que les décès liés aux accidents de la route) ! Cette année en 2022, le gouvernement met en place un plan national (1) contre les chutes dont l’objectif est de réduire le nombre de chutes graves de 20 %.
1. Comment évaluer la gravité d’une chute ?
Tableau 1. Critères de gravité d’une chute (HAS) [2]
Conséquences sévères de la chute | • Traumatismes physiques modérés à sévères • Impossibilité de se relever du sol et ses conséquences (rhabdomyolyse, hypothermie, escarres, pneumopathie, déshydratation) • Syndrome post-chute (peur de retomber) |
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Caractère répétitif de la chute | • Présence de troubles de l’équilibre ou de la marche |
Situations à risque de chute grave | • Présence de troubles de l’équilibre ou de la marche • Association de plus de 3 facteurs de risque de chute (cf tableau 2) • Isolement social • Ostéoporose avérée |
En cas de chute grave une hospitalisation peut s’avérer nécessaire et une évaluation gériatrique estindiquée pour réduire le risque de récidive (tableau 3).
2. Causes de la chute ?
Tableau 2. Facteurs de risque de chute (HAS) [2]
Facteurs prédisposants | Facteurs précipitants |
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| Cardiovasculaires
Métaboliques
Environnementaux
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En pratique le cardiologue doit rechercher les facteurs précipitants cardiovasculaires, en particulier une hypotension orthostatique ou une syncope, chez des patients ayant déjà chuté ou avec plusieurs facteurs prédisposants de chute.
3. Que faire des traitements cardiologiques chez un chuteur ?
Anticoagulants ou antiagrégants
La survenue de chutes ne contre-indique pas les antithrombotiques lorsque l’indication est bien définie, car dans la majorité des cas le risque ischémique est plus important que le risque hémorragique. En cas de FA, devant des chutes graves ou une contre-indication aux anticoagulants, la fermeture de l’auricule gauche doit être discutée.
Antihypertenseurs
La survenue de chutes ne contre-indique pas lestraitements antihypertenseurs. En cas d’hypotension orthostatique, une modification des traitements est à proposer en :
• réduisant la posologie ;
• changeant de classe thérapeutique ;
• répartissant les traitements sur la journée (matin et soir).
4. Proposer des interventions pour réduire le risque de récidive
Le bilan étiologique et la mise en place d’interventions qui réduisent le risque de chutes (3)(4) se font le plus souvent lors d’une hospitalisation de jour gériatrique (“HDJ chutes”) (5) .
Tableau 3. Interventions gériatriques pour réduire le risque de chutes
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En conclusion
En raison du vieillissement de la population, le cardiologue est de plus en plus souvent confronté à la problématique des chutes. En cas de chute grave ou de chutes à répétition, il faut orienter le patient vers les hôpitaux de jour gériatriques afin de réaliser une évaluation multidimensionnelle pour une prise en charge holistique qui permettra de réduire les récidives de chutes.
(1) https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dp_plan-antichute-accessible28-02-2022.pdf.
(2) HAS SFGG. Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées avril 2009.
(3) Gillespie LD, Robertson MC, Gillespie WJ, Sherrington C, Gates S, ClemsonLM, Lamb SE. Interventions for preventing falls in older people living in the community. Cochrane Database Syst Rev. 2012 Sep 12;2012(9):CD007146.
(4) A C Tricco, SM Thomas, AA Veroniki, JS Hamid, E Cogo , L Strifler , PA Khan et al Comparisons of Interventions for Preventing Falls in Older Adults: A SystematicReview and Meta-analysis et al JAMA. 2017 Nov 7;318(17):1687-99.
(5) P Robinet, François Puisieux French geriatric day hospitals managing falls Sante Publique. 2014 Nov-Dec;26(6):795-801.