Pourquoi nous intéressons-nous tant à l’oreillette gauche ? - Erwan Ronal (Rennes)

 L’échocardiographie est l’outil de première intention pour évaluer nombre de patients en cardiologie et au-delà. 

Il est possible de mieux comprendre les symptômes et d’évaluer le pronostic de nos patients. Différents paramètres sont nécessaires dans le compte rendu. 

L’imagerie de déformation trouve progressivement sa place pour décrire la fonction longitudinale du ventricule gauche en particulier. 

Le volume indexé de l’oreillette gauche, mesuré en vue apicale 4 et 2 cavités, est nécessaire au compte-rendu (1, 2). Ce volume indexé est requis pour évaluer la fonction diastolique, les pressions de remplissage, le risque thromboembolique et le risque de mortalité (et pas seulement cardiovasculaire). C’est un marqueur de risque. 

La mesure 3D du volume de l’oreillette gauche est désormais possible. L’avantage est une meilleure capacité à ne pas sous-estimer le long axe de l’oreillette gauche. En 2D, il est donc important de prendre garde à acquérir des images maximisant ce long axe qui n’est pas le même long axe que le ventricule gauche. Il faut donc des images dédiées au ventricule et dédiées à l’oreillette gauche (figure 1 ci-dessous). 

Figure 1. Importance de l’acquisition échocardiographique et strass atrial

Optimisation du long axe de l’oreillette gauche pour optimiser la mesure du volume, puis pourquoi ne pas aller un peu plus loin avec le strain atrial : valeur normale 40 %

Figure 2. Estimation des pressions de remplissage

 

Désormais l’étude de la fonction diastolique, l’évaluation des pressions de remplissage peuvent nécessiter l’étude du strain atrial (figure 2 ci-dessus).

Nombreux travaux vont désormais plus loin. Les constructeurs d’échocardiographes ont d’ailleurs mis à disposition des logiciels dédiés. En effet, il est possible et sans doute très utile parfois, d’avoir recours à la mesure du strain atrial. Il permet un accès facile, en particulier, à la fonction réservoir de l’oreillette gauche. 

Cette fonction réservoir est normalement associée à une déformation, un étirement de l’oreillette de 40 %. 

Il a globalement été démontré qu’en dessous de 20 %, le risque d’événement est significativement plus important. Les risques les plus importants lorsque ce strain est inférieur à 20 % sont ceux du risque thromboembolique et le risque de fibrillation atriale. 

Il ne faut donc pas considérer le strain atrial comme une lubie de spécialiste mais comme un paramètre qui simplement, voire presque automatiquement, peut, en plus de la mesure du strain longitudinal du ventricule gauche, apporter une explication à des symptômes et/ou permettre de mieux estimer le risque d’un patient. 

CardioNews – Novembre 2022

(1) Badano LP, Kolias TJ, Muraru D, et al. Standardization of left atrial, right ventricular, and right atrial deformation imaging using two-dimensional speckle tracking echocardiography: a consensus document of the EACVI/ASE/Industry Task Force to standardize deformation imaging. Eur Heart J Cardiovasc Imaging 2018;19(6):591-600. DOI: 10.1093/ehjci/jey042. 
(2) Lang RM, Badano LP, Mor-Avi V, et al. Recommendations for cardiac chamber quantification by echocardiography in adults: an update from the American Society of Echocardiography and the European Association of Cardiovascular Imaging. Eur Heart J Cardiovasc Imaging 2015;16(3): 233-70. DOI: 10.1093/ehjci/jev014. 

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