Pourquoi le cardiologue libéral doit s’impliquer dans la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque chronique ?…- Patrick Jourdain (Le Kremlin-Bicêtre)
Le cardiologue en général et le libéral en particulier sont parfois submergés de travail avec une demande sans cesse croissante de la part des patients et des correspondants pour voir un tel ou faire une échographie cardiaque à une telle… souvent dans le cas où…
Parmi les pathologies qui progressent se retrouve au premier rang l’insuffisance cardiaque, une pathologie qui pourrait être prévenue par une meilleure prise en charge de la prévention et qui cause plus d’1,8 million de journées d’hospitalisation par an en France. Ce qui est particulièrement rageant chez les patients atteints de cette pathologie c’est justement quand le cardiologue clinicien les voit trop tard… avec 6 kilogrammes d’œdèmes et des charentaises aux pieds.
Or, aujourd’hui la télésurveillance nous permet de savoir ce qu’il se passe quand le patient n’est pas en face de nous. Cela passe bien sûr par une prescription reposant sur le système de télésurveillance vous semblant le plus adapté au patient (infirmières ou non permettant de trier les alertes, prestataires de santé à domicile pour la fourniture du matériel, type d’algorithme d’alerte, ergonomie,…) et surtout par une motivation du patient qui doit voir en la télésurveillance non pas “big brother” ou le radar qui l’a flashé en se rendant à votre cabinet mais un dispositif lui permettant de savoir qu’il va passer une bonne journée sans risque.
La télésurveillance fait d’ailleurs partie des éléments recommandés dans les parcours de soins de la HAS ainsi que par les dernières recommandations européennes même si bien sûr elle ne soigne pas par elle-même. Elle nécessite un bon cardiologue, intéressé, actif, dynamique cherchant en permanence à fournir à son patient un traitement optimal.
Somme toute la télésurveillance c’est l’outil des meilleurs d’entre nous, c’est plus de sécurité pour le patient, c’est plus de tranquillité en fait pour nous à moyen terme, le patient n’appelant plus pour rien et un moyen de savoir ce qui se passe en cas d’appel du patient. Le risque assurantiel n’est pas plus élevé que la consultation classique et n’entraine d’ailleurs pas de surcoût. Bien sûr c’est une façon nouvelle de faire… mais faites confiance à votre oeil de clinicien et pensez aux révolutions qui nous ont précédé, rythmologie, cardiologie interventionnelle, échocardiographie…
Notre téléphone notre futur stéthoscope ?
Comment se lancer dans la télésurveillance en 10 étapes.
La télésurveillance est entrée du fait des évolutions médicales mais surtout sociétales dans notre quotidien. La pandémie de Covid a démontré, si besoin en était, l’intérêt de pouvoir suivre à distance des patients atteints de maladies chroniques.
La France a été, à cet égard, en avance par rapport à beaucoup de pays avec la mise en place d’un cadre réglementaire, technique et financier sur l’ensemble du pays dès 2016.
Pour autant, si la téléconsultation a été largement diffusée en milieu libéral à la différence du milieu hospitalier, la télésurveillance est restée cantonnée principalement au milieu hospitalier. Pourtant débuter la télésurveillance c’est assez simple mais nécessite cependant de modifier nos habitudes.
ÉTAPE 1 : Se convaincre que faire de la télémédecine est utile.
ÉTAPE 2 : Déterminer le verbatim pour expliciter la télésurveillance aux patients.
ÉTAPE 3 : Planifier des moments de connexion (au moins une fois par semaine) sur son agenda professionnel.
ÉTAPE 4 : Identifier le partenaire industriel avec qui se fera la télémédecine.
ÉTAPE 5 : Contacter le partenaire et voir les modalités de mise en place.
ÉTAPE 6 : Identifier les patients pour initier la télésurveillance.
ÉTAPE 7 : Identifier les collègues me permettant une continuité des soins.
ÉTAPE 8 : Identifier éventuellement un IDE libérale ou équivalent en hospitalisation pour faire l’accompagnement thérapeutique.
ÉTAPE 9 : Inclure les premiers patients avec un soutien éventuel du prestataire.
ÉTAPE 10 : Facturer ses premiers actes au terme de 6 mois de télésurveillance.